Code Aresti


Mise en jambe.

Lorsqu'on commence un peu à s'intéresser à toutes les figures que font les pilotes en l'air, on se demande d'une part s'ils le font vraiment exprès et d'autre part si ils inventent leurs trajectoires.
En règle générale, Ils le font exprès et si l'on regarde attentivement un concours de voltige, ils essayent même souvent de refaire la même chose !
Dans ce cas, la fantaisie n'est plus de mise : on comprend que ces évolutions aériennes sont préparées, répétées et attendues selon un résultat imposé.
La réponse à toutes ces questions tient dans 6 lettres, que l'on retrouve dans tous les documents relatifs à la voltige aérienne en général, qu'elle soit modéliste ou grandeur : ARESTI.
Si vous pensiez que ces lettres signifiaient un truc du genre :Aerobatics Rules Explained with Symbols and Tiny Images (soit, en charabia, Règles Acrobatiques Expliquées par des Symboles et de Petites Images) et bien vous êtes dans le faux !
Premièrement, les américains n'ont rien à voir avec tout ça, pour une fois !
Deuxièmement, ARESTI n'est pas un acronyme : c'est le nom d'un Monsieur qui a marqué de son empreinte toute la codification de la voltige aérienne.


Señor Aresti
Un Colonel espagnol nommé José Luis de Aresti Aguirre, né à Bilbao, en Espagne, bien qu'il se promettait à une carrière médicale, devint pilote dans les années 30, alors que se dessinaient les horreurs de la Guerre Civile espagnole.
Il fit son premier meeting aérien en 1939, à l'age de 20 ans
Puis il fut instructeur de pilotage. Il contribua au développement d'ouvrages sur le pilotage et la voltige. Après la guerre, il fut pilote d'essai pour l'Espagne et fit de nombreux meetings aériens, aux figures très audacieuses.
C'est en 1961 qu'il édita son " Sistema Aresti ", sorte de dictionnaire des figures de voltige, par ailleurs déjà employé en Espagne.
Tout d'abord partiellement employé par la FAI (Fédération Aéronautique Internationale), son travail fut plébiscité et adjoint aux diverses données dont se servaient déjà les pilotes en compétition.
La méthode d'aérocryptographie qui en résultat était à la fois simple, complète et évolutive, à la manière d'un alphabet permettant d'écrire

Le Code Aresti
L'intérêt d'un tel code est évident : pouvoir transmettre par écrit, quelque soit la langue, un programme de voltige et le rendre aussi plus intuitif. A la base des symboles Aresti, on trouve toujours les éléments suivants :
Un cercle plein (ou bien un gros point noir !) qui détermine le début de figure.

Le trait plein est une figure positive, cela peut être le cas d'une figure dos-tirée car le pilote est bien en G-positif. Les pointillés pour les figures en G-négatifs donc. Exemple un loop départ dos donne un trait plein vers le bas et pointillé vers le haut, par contre le trait horizontal et pointillé dans les deux cas.
Un trait, plein si le vol est ventral (donc opposé au vol dos) et pointillé si le vol est inversé (vol dos). Cela est relatif : tout dépend du point de vue du pilote ; de plus, le vol peut s'inverser au cours de la même figure : commencer ventral et terminer inversé (ex : demi-tonneau). Le trait peut être rectiligne (horizontal, vertical, incliné) ou alors curviligne.

Un petit trait perpendiculaire qui vient terminer le précédent : c'est la fin de la figure.

En complément, il peut y avoir différents graphismes qui viennent s'intercaler entre le point de départ et le trait d'arrivée. Certains symboles sont indécomposables en plus petits symboles, ce sera ce que nous nommerons les symboles de base (ex : tonneau, déclenché, boucle…), même s'ils peuvent n'être exécutés que partiellement.
D'autres, par contre, sont modifiés ou fragmentables en plus petits éléments : ils forment les figures complexes (ex : huit cubain).
Même si la liste des figures de base n'est pas sans fin, celle des figures composées l'est : les variations peuvent se décliner à l'infini.
Cela explique que Aresti décrivit jusqu'à plus de 15000 manœuvres de voltige ! Impressionnant, quand on sait, qu'en plus, il attribua un coefficient K pour chaque figure, afin de définir le niveau de difficulté de celle-ci.
Ce coefficient permet d'attribuer des points aux compétiteurs en tenant compte de la difficulté de la figure exécutée. La figure la plus simple a un coeff de 1.
Un programme de voltige comportera plus d'une dizaine de figures à réaliser, enchaînées, qui suivront un programme imposé ou libre selon l'option de la phase du concours. Le programme imposé peut être préparé (connu) à l'avance ou bien inconnu des pilotes.

Description des figures de base en Aresti


Vol rectiligne : à altitude et vitesse rigoureusement stables

Vol rectiligne inversé : idem, en vol dos

Looping

Tonneau

Le demi tonneau : idem que précédemment, mais, dès que le pilote arrive en vol dos, il stoppe sa rotation : le vol se poursuit donc en vol inversé.

Le tonneau à facettes : alors qu'il réalise un tonneau, le pilote marque des temps d'arrêt dans sa rotation . Chaque arrêt détermine une facette : on peut en compter deux, quatre ou huit. Pour un tonneau à facettes incomplet, une fraction indique la portion de tonneau qui sera effectuée

Les déclenchés : ce sont des tonneaux particuliers. Ils sont générés par un décrochage d'une aile par rapport à l'autre, grâce à la dérive et à la profondeur. Cela donne un genre de vrille horizontale. Le déclenché peut être positif, si la force G est positive (profondeur cabrée)
"Snap"


Déclenché négatif dans le cas inverse (profondeur poussée).

La vrille : l'avion, à haute altitude, ralentit son allure jusqu'à faire un décrochage que l'on rend asymétrique grâce à la dérive et la profondeur : une aile décroche et l'autre pas. La vrille peut être positive…
"Spin"


ou négative. Elle peut aussi comporter plusieurs tours, ou des fractions de tours...

Le tonneau barriqué : c'est rarement présent en voltige car peu gracieux et peu "tonique" ! Il s'agit d'un tonneau que ferait un deux axes, grâce à la dérive puis la profondeur : l'avion fait un tire-bouchon horizontal.
"Barrel roll"


Vrille composée : 1 tour et demi de vrille positive, avec sortie dos.

Description des figures combinées en Aresti

les figures combinées procèdent de la modification ou de l'assemblage de plusieurs figures de base (identiques ou différentes). On ne peut pas toutes les décrire, mais certaines portent des noms évocateurs et méritent d'être vues : on les retrouve souvent dans les programmes de voltige.


La boucle carrée : c'est une succession de 1/4 de boucle, de très court rayon, et de vols rectilignes. Pour être réussie, elle doit être symétrique à tous points de vue, et toujours respecter les altitudes d'entrée et de sortie.
"Square Loop"


La boucle hexagonale : comme le nom l'indique, le pilote doit effectuer des temps d'arrêt dans l'accomplissement de sa boucle et ne faire que des segments rectilignes (avec des angulations, donc, de 45,90, 135, par rapport à l'horizontale).

L'Immelman : consiste en une demi boucle tirée (donc vers le haut), puis un demi-tonneau. L'altitude est donc augmentée. L'immelman peut être réalisé en sens inverse : c'est le Split S ou retournement : un demi tonneau pour se trouver en vol dos puis une demi boucle tirée.

L'avalanche : c'est une boucle comportant en son sommet un tonneau déclenché.

Le huit cubain : faire 5/8 de boucle tirée, suivie d'un demi tonneau dans la descente, puis une fois arrivé à l'altitude de départ, refaire la même chose : on doit se retrouver en ligne de vol comme si rien ne s'était passé.

Le huit cubain inverse : faire deux 1/2 huit cubains inverses enchaînés.

Le huit horizontal : faire comme un huit cubain sans 1/2 tonneau, c'est à dire 5/8 de boucle ventre (tirée) suivie d'une descente à 45° puis de 5/8 de boucle dos (poussée).

L'Humpty Bump : après 1/4 de boucle carrée qui amène en vol vertical, puis une demi boucle tirée, d'un rayon large, une descente verticale suivie d'1/4 de boucle carrée tirée pour revenir à plat.

Le renversement : c'est une montée verticale, puis un pivotement de l'avion sur son aile au sommet de cette montée. La descente bien verticale se termine par 1/4 de boucle carrée, ce qui ramène l'avion à plat. Variantes : avec des 1/2 ou 1/4 de tonneau ou déclenchés dans les parties ascendante ou descendante.
"Hammerhead"


Le cercle en tonneaux : l'avion décrit un virage de 360° horizontal, tout en réalisant des tonneaux (essayez pour voir !).
"Rolling turn"



Programme de Voltige

Un programme de voltige comporte de 10 à plus de 20 séquences, selon le niveau de la compétition, pour les débutants il existe des programmes ou les figures ne sont pas enchainées avec figure centrale "annoncée". Chaque figure comporte donc son coefficient qui est multiplié à la note obtenue ( de 0 à 10 ) au cours des deux meilleurs vols sur trois, Chaque score est multiplié par le coef, et le nombre de vols (total et éliminés) dépend d'un concours à l'autre et du niveau sélection, demi finale ou finale.
Mais de façon plus tranchée des éléments comme le bruit ( 0 si moteur trop bruyant, d'après mesure), le décollage, l'atterrissage.
Un avion mesuré trop bruyant ne vole tout simplement pas, pas plus qu'un avion trop lourd d'ailleurs, ou trop grand.
Des juges observent le déroulement de la prestation de chaque pilote et note oralement chaque figure. Des " secrétaires " reportent alors sur des formulaires spéciaux ces notes.
Ces documents sont analysés après, en général par informatique, et les résultats sont dévoilés !
Des logiciels existent aussi pour traçer automatiquement les programmes Aresti, lors de la création des programmes de compétition.

Conclusions

Assister à un concours de voltige vous paraîtra plus intéressant, surtout si vous étiez jusqu'alors candide en la matière. A titre d'annexe, voir la reproduction d'un programme simple de voltige d'avions grandeur. Nos programmes à nous en sont très proches.


Exemple d'un programme simple de voltige d'avions grandeur

1- Montée à 45 °, sortie positive

2- 1/2 tonneau, 1/2 boucle tirée (Split S)

3- 1/2 huit cubain

4- boucle tirée

5- renversement

6- tonneau lent

7- Immelman (1/2 boucle tirée, 1/2 tonneau)

8- deux tours de vrille ventrale (positive)

9- " dent de requin " (montée verticale, descente à 45° dos, 1/2 tonneau)

10- 1/2 huit cubain inverse


NB: pour certaines figures Aresti, les traits représentant l'entrée et la sortie de figure ne se superposent pas, bien que les altitudes correspondantes doivent être rigoureusement identiques.
Ceci permet de rendre plus lisible le schéma.
Lorsque deux tours de vrille ou de tonneau s'enchaînent, un trait parallèle à la trajectoire coiffe les symboles élémentaires.